Racines européennes

La première mention qui nous soit parvenue de marionnettes européennes en terre d'Amérique date de l'époque des Conquistadores, au début du XVI^e siècle. Parmi les hommes accompagnant Hernando Cortès, il s'en trouve un qui manie les marionnettes. Nous ne saurons jamais si ses marionnettes ont réussi à amuser ou à édifier les hommes de Cortès, mais leur présence rappelle qu'en Europe, le théâtre de marionnettes est un divertissement apprécié.

À cette époque, les deux types de marionnettes les plus courants sont la marionnette à gaine et la marionnette à fils. Ce sont donc ces marionnettes que connaissent les colons qui arrivent en Nouvelle-France. Dans les débuts de la colonie, la vie se prête peu aux loisirs et, s'il y a fort probablement eu des montreurs de marionnettes ici et là, c'est seulement vers le milieu du XVIII^e siècle qu'un théâtre de marionnettes permanent ouvre ses portes dans la ville de Québec. On connaît l'existence de ce théâtre par les Mémoires de Philippe Aubert de Gaspé, publiés en 1866.

C'est un soldat, Jean Natte, artiste-peintre de métier et arrivé au pays vers 1733, qui fonde ce petit théâtre. Le Père et la Mère Marseille - sobriquets donnés à Natte et à chacune de ses deux épouses consécutives - auraient utilisé des marionnettes à fils. Selon de Gaspé, leurs spectacles étaient très appréciés des citoyens de la ville et, de NoËl au Carême, on en donnait deux ou trois représentations par soir. Les familles aisées de la ville pouvaient également faire venir le Père et la Mère Marseille dans leur demeure pour des représentations privées. Le théâtre, repris par les beaux-fils du Père Marseille, sera en activité pendant plus de cinquante ans. Malheureusement, lors des troubles accompagnant la rébellion des Patriotes de 1837-1838, le théâtre sera complètement saccagé par les autorités. Il ne reste aucune trace - marionnette ou document - de ce premier théâtre de marionnettes permanent au pays.