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Traditions du théâtre de marionnettes dans le monde

Traditions européennes

Le théâtre de marionnettes européen trouve son origine dans l'Antiquité grecque et même égyptienne. Au Moyen Âge, au rôle de divertissement populaire du spectacle de marionnettes, s'ajoute la tâche d'illustrer l'histoire sainte. De ces deux fonctions découlent les diverses formes traditionnelles du théâtre de marionnettes. Trois genres théâtraux qui se déclineront en maintes variations à travers l'Europe et, par l'entremise des colonisations, à travers les Amériques, attirent l'attention.

Le premier, associé à la marionnette à gaine, est un théâtre populaire ambulant qui propose des comédies burlesques et satiriques. Au cours des siècles se développent aux quatre coins de l'Europe les héros de ce théâtre : le Pulcinella italien, le Polichinelle, puis le Guignol français, le Punch anglais, le Kasperl autrichien, le Kasparek tchèque, le Hänneschen allemand, le Petruschka russe... Même le Karagöz turc et son cousin grec Karaghiozis, bien qu'appartenant au théâtre d'ombres, font partie de cette grande famille. Ces personnages, qui descendent souvent du même ancêtre, participent des mêmes traits de caractère : espiègles, fanfarons, roublards et provocateurs. Ils défient à qui mieux mieux l'ordre établi ou la morale. Traditionnellement, les spectacles de marionnettes sont présentés sur les places publiques, lors des foires et des marchés. Les intrigues, très simples, laissent place à l'improvisation et permettent au marionnettiste de s'adapter au public et de s'inspirer de l'actualité locale.

Inscrit également dans la tradition populaire, le genre épique ajoute aux histoires saintes, légendes, épopées historiques et récits chevaleresques. L'opéra des Pupi, théâtre de marionnettes à tringle sicilien, dont on retrouve des variantes en Espagne, en Flandres, en Wallonie et dans le nord de la France, renseigne parfaitement sur ce genre. Le répertoire, dont l'origine remonte au poème épique du
Moyen Âge, La Chanson de Roland, est composé de récits romanesques des croisades du règne de Charlemagne. Les épisodes où se succèdent batailles fulgurantes, déclarations d'amour, trahisons, apparitions magiques et vengeance, sont présentés chaque soir à la façon d'un feuilleton qui peut durer un an. Les marionnettes à tringle, qui peuvent mesurer plus d'un mètre et peser jusqu'à 16 kg, avec leurs pieds qui martèlent le plateau d'un bruit sec, imprègnent à ce théâtre une vigueur sans pareille, notamment dans les scènes de bataille où les têtes volent et où le sang (du jus de betterave) gicle.

Un genre plus savant, associé à la marionnette à fils, se développe à partir du XVIIe siècle. On construit des théâtres fixes où les marionnettes interprètent des pièces tirées du théâtre d'acteur, des opéras et des ballets pour un public aristocratique et bourgeois. Ainsi, Haydn compose cinq opérettes pour les marionnettes. La marionnette à fils est, parmi tous les types de marionnettes, celle qui se prête le mieux à l'imitation réaliste du mouvement humain. Dans ces spectacles raffinés, on cherche, par le perfectionnement des mécanismes et la virtuosité technique, à reproduire parfaitement ce mouvement. Cette quête de l'imitation toujours plus réaliste par la marionnette à fils se perpétue dans la tradition plus populaire des spectacles de variétés et de music-hall.